Homélie de Stanislas Lalanne pour le 6e dimanche de Pâques 17 mai 2020
Marion, qui a 9 ans, avait repris les réunions de catéchisme, le mercredi, au retour des vacances d’été. La dame qui fait le catéchisme lui a parlé de la résurrection de Jésus.
Vous auriez vu ses yeux qui brillaient, et aussi l'étonnement des cinq garçons et filles qui étaient autour de la table. C'était la première fois qu'ils entendaient dire que le Christ Jésus était vivant et qu'on pouvait aujourd'hui encore le prier, lui parler.
De retour à la maison, Marion s'est plantée devant sa maman : « Maman, la dame nous a dit que Jésus est ressuscité après sa mort. Comment se fait-il que tu ne me l'avais jamais dit ? »
Je ne sais pas comment la maman a répondu mais je sais ce qu'elle a pensé. Elle ne l'avait jamais dit à Marion parce qu'elle ne l'avait jamais vraiment cru !
Nous vivons une époque où la foi chrétienne n'est plus un héritage familial. Combien de « Marion » n'entendront jamais parler de Jésus à la maison ? Il faut donc que d'autres s'en chargent.
Je devine les réactions de beaucoup de chrétiens qui ont de la peine à se sentir personnellement concernés quand il s'agit de la mission, de l’annonce de l’Evangile. Ils pensent peut-être que c'est réservé aux prêtres ou à quelques laïcs mais, en tout cas, à des spécialistes bien formés et bien préparés.
Chers amis, la proposition de la foi est confiée à l'Eglise tout entière, c'est-à-dire à nous tous, quel que soit notre état de vie. C'est cette conviction que je voudrais renouveler en vous aujourd'hui, en ouvrant quelques chemins que vous pourrez emprunter.
Pour cela, je me servirai des paroles de l'apôtre Pierre, dans la première lecture de ce jour : « Soyez prêts à tout moment à rendre raison de l'espérance qui est en vous ; mais faites-le avec douceur et respect. »
Pierre nous invite à deux choses.
La première, c’est de rendre raison de l’espérance qui est en nous.
Nous sommes souvent perplexes, interrogatifs devant l’avenir de la foi et l’avenir de l’Eglise. Le Christ n’a pas promis à ses disciples que le chemin serait balisé, que les étapes seraient clairement indiquées, que les moyens seraient évidemment imposés.
Il leur a promis qu’il serait avec eux, toujours, chaque jour, à chaque instant de leur vie. Cela ne peut que fortifier notre foi et notre espérance.
Il ne leur a pas promis que la vie chrétienne serait facile, un long fleuve tranquille ! Il leur a promis au contraire de connaître le même chemin que lui.
Il ne leur a pas promis que leurs efforts seraient couronnés de succès visibles mais il leur a promis que jamais il ne les abandonnerait.
La force de la foi quand elle est vécue profondément dans l’obéissance à la Parole de Dieu, ce n’est pas d’aplanir les difficultés de l’existence, de les estomper ou de les enfouir. C’est de les affronter, de les assumer et de les surmonter.
La seconde chose que nous demande Pierre : « Faites-le avec douceur et respect. » Qu'est-ce que cela veut dire ?
Cela veut dire qu'il ne faut pas « asséner » des vérités, qu'il ne faut pas imposer un chemin, mais proposer l'Evangile de Jésus. L'Evangile s'offre, refusant toute croisade. L'arrogance tue, la modestie, l'humilité ouvrent les cœurs.
Tout est une question de ton :
• il faut allier la douceur du témoin et pourtant la fermeté du message,
• il faut offrir le message avec précaution et pourtant sans réserve.
Sans réserve, bien sûr. On m'a cité, ces derniers jours, une conversation autour d'une table. Un homme, ce soir-là, que l'on savait croyant – il ne s'en cachait pas – a été sollicité par ses amis à rendre compte de sa foi. A bout d'arguments peut-être, il s'est contenté de dire : « La résurrection de Jésus, la présence du Christ dans ma vie ? Oui, enfin, c'est peut-être une façon de parler ! »
Eh bien, non ! Il ne faut pas réduire l'essentiel de la foi chrétienne à « une façon de parler ». A chaque eucharistie, le prêtre vous dit : « Le Seigneur soit avec vous. » Est-ce une façon de parler ?
Quand je prie le Christ, est-ce que je parle à quelqu'un ou non ? Est-ce une façon de parler ?
Dans l'Evangile, Jésus dit : « Je ne vous laisserai pas orphelins. Je vous enverrai mon Esprit. Je suis avec vous tous les jours. » Est-ce une façon de parler ?
L'Eucharistie, la messe, Jésus au milieu de nous, est-ce une façon de parler ?!
Ce qui peut altérer le message du Christ, vous l'avez compris, c'est la façon de parler approximative, réductrice, de certains chrétiens.
Pour que nous soyons toujours en mesure de rendre compte de l'espérance qui est en nous, selon la consigne de l'apôtre Pierre, je vous propose deux chemins, deux conditions.
Je les emprunte à une parole de Jésus, à une parabole où il nous dit que le Royaume de Dieu, c'est comme un festin de noce et qu'il faut aller aux carrefours des chemins inviter tous ceux que nous rencontrerons.
Eh bien ! Notre invitation doit être assez joyeuse, puisque c'est un festin de noce. Notre invitation doit être assez actuelle, lancée dans les meilleurs carrefours.
Pour trop de gens, la foi chrétienne se réduit à une doctrine abstraite et froide, une morale ennuyeuse, répressive. Etonnez-vous qu'on n'ait pas envie de la transmettre à ses enfants !
Les chrétiens sont porteurs d'une invitation au bonheur, le disons-nous assez ? Peut-être que le principal obstacle à la mission, c'est que les chrétiens, nous-mêmes, nous ne sachions pas assez quel trésor nous portons, quelle espérance est en nous.
Notre invitation est-elle assez actuelle ? Les chrétiens sont-ils des hommes et des femmes de leur temps ? Sont-ils présents aux carrefours d'aujourd'hui ? « Allez aux carrefours des chemins », dit Jésus. Sommes-nous présents à tous les carrefours importants de la vie d'aujourd'hui ?
Voilà, nous sommes passés de l'héritage à la proposition de la foi. Et cette proposition repose bel et bien sur nous tous.
Eh bien ! Faisons tout pour que, durant ce temps qui nous prépare à la Pentecôte, cette proposition soit assez joyeuse et assez actuelle. Amen.
Inscrivez-vous au blog
Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour
Rejoignez les 194 autres membres